Pour cette nouvelle édition du Festival Arkhé, le riche univers des musiques traditionnelles modales est à l’honneur avec des artistes de grand talent, enracinés dans la tradition et s’exprimant avec beaucoup de créativité.
Christine Zayed, artiste palestinienne basée à Paris et étoile montante de création contemporaine dans les musiques traditionnelles arabes, ouvrira le festival jeudi 14 mars avec un solo de cithare qanoun et de chant. Vendredi 15 sera une très rare occasion d’entendre en Suisse la merveilleuse musique ouïghoure, avec la venue de la grande chanteuse Saniye Ismail et ses musiciens, en coproduction avec les Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève (www.adem.ch).
Puis, la journée de samedi explorera le chemin entre tradition et création, en commençant par un récital de sankyoku, musique de chambre japonaise avec le koto de Mieko Miyazaki et le shakuhachi de Jean François Lagrost. C’est ensuite le musicien Kengo Saito, artiste japonais formé aux musiques afghanes et indiennes, qui nous entraînera vers son fascinant Japanistan, à la croisée de ces influences.
Enfin, la dernière journée sera particulièrement dédiée à la voix et mettra en perspective les profondes polyphonies albanaises de l’Ensemble Gjini avec les airs de yodel suisse du Toggenburg, présentés par Simon Lüthi et son groupe.

20h30
Christine Zayed Palestine
Musique arabe classique et contemporaine

Christine Zayed — voix, qanoun

Née dans une famille mélomane de Palestine, élevée entre Jérusalem et Ramallah, Christine Zayed est initiée dès son plus jeune âge à la musique arabe classique comme à la contemporaine, et à la musique traditionnelle palestinienne.
Pour poursuivre ses études, elle s’installe à Paris où elle participe à de nombreuses collaborations fructueuses, tandis qu’elle développe un projet solo fascinant ; elle mêle au répertoire arabe classique et à la poésie contemporaine ses propres morceaux, au chant et au qanoun – instrument par excellence du maqam aux cordes enchanteresses. L’aboutissement d’un parcours artistique d’exception, où se combinent ses innombrables influences musicales. Un premier album est en voie de finalisation.
Concert rediffusé en différé par la RTS-Espace2.

20h00
Présentation

La musique ouighoure : contexte et esthétique par Mukaddas Mijit — ethnomusicologue, artiste, et réalisatrice.

20h30
Ensemble Saniye Ismail Kazakhstan
Splendeurs et finesses de la musique ouïghoure

Saniye Ismail — voix, dutar Arslan Gait — tanbour Bakhadir Iminzhan — satar Nazim Abdromov — dap

La musique des Ouïghours est d’une grande richesse et d’une remarquable originalité. Elle prend racine dans un passé culturel brillant qui emprunte aux antiques civilisations indo-iraniennes, au bouddhisme, au manichéisme, aux cultures turcique et enfin musulmane.
Le répertoire est organisé en grandes suites ou muqam, comparables aux nouba arabo-andalouses ou au shash-maqâm tadjik-ouzbek. Saniye Ismail, née au Kazakhstan, a grandi dans une famille de musiciens originaire de la région ouïghoure de Chine.
Elle s’est formée auprès de grandes chanteuses comme Ayshemgul Memet à l’Institut des Arts du Xinjiang à Urumchi, pour maîtriser l’art de l’interprétation de ces grandes suites musicales. Installée à Almaty (Kazakhstan) depuis plusieurs années, elle mène une vie créative en interprétant des répertoires classiques et contemporains inspirés de la tradition ouïghoure et est aujourd’hui l’une des chanteuses les plus vénérées de la diaspora.
Concert rediffusé en différé par la RTS-Espace2.

16h entrée libre
Kalakaar
Avant-concert

Subhajit Brahmachari — tabla Ludovic Ottiger — morchang, algozha Mathieu Clavel — rubab

Rythmes entraînants et mélodies hypnotiques des plateaux de l’Hindu Kush aux sables du Thar. Le trio Kalakaar interprète les musiques tribales de l’Inde du Nord, du Pakistan et d’Afghanistan, une vaste région traversée par les cultures pachtoune, baloutche, sindhi ou encore rajasthani, toutes riches d’expression et de couleurs singulières.

17h
Kyoku Japon
Musique de chambre japonaise

Mieko Miyazaki — koto Jean-François Lagrost — shakuachi

Le duo Kyoku explore tant la nature que l’âme du Japon. Sublimée par la palette sonore presque infinie qu’offrent le koto (cithare japonaise), le shakuhachi (flûte en bambou) et le shamisen (luth à trois cordes), leur musique est intense et merveilleuse à la fois.
Délicat et raffiné, le répertoire qu’offre le duo est constitué de pièces traditionnelles du XVIIe au XIXe siècle, ère la plus paisible de l’Histoire du Japon, ou de compositions plus récentes. Assimilé à un petit ensemble de musique de chambre, le sankyoku désigne le trio instrumental composé du koto, du shamisen et du shakuhachi.
Cette formation instrumentale, devenue l’une des plus caractéristiques des traditions musicales japonaises, offre à chaque musicien de grandes possibilités d’expression, faisant très souvent appel à des imitations ou variations de mêmes motifs mélodiques.
Mieko Miyazaki, interprète prodige du koto, est aujourd’hui considérée comme l’une de ses plus grandes figures. Quant à Jean-François Lagrost, il lui a été décerné au Japon le titre de maître du shakuhachi.
Concert rediffusé en différé par la RTS-Espace2.

dès 18h30 
Repas indien

20h30
Japanistan Japon & Afghanistan
La rencontre de deux univers

Kengo Saito — rubab Jean-François Lagrost — shakuhachi Ershad Tehrani — tombak, daf Subhajit Brahmachari — tabla. Invitée : Mieko Miyazaki — koto

Le son du rubab résonne dans les vallées de l’Afghanistan depuis des siècles. Pourtant cette sonorité si « afghane » se prête de façon étonnamment parfaite aux mélodies venues du Japon. Si loin, si proche … Kengo Saito brasse son héritage japonais à la musique afghane pour faire jaillir les paysages sonores hybrides de Japanistan, une création inédite ‘made in Paris’.
Elle révèle la richesse de la musique traditionnelle dite « modale » et témoigne des éléments communs à partager entre différentes cultures musicales. Par ce florilège de mélodies et rythmes qui parcourt l’Asie, Kengo Saito nous fait redécouvrir un instrument peu connu dans le monde et dont les vibrations chaudes et envoutantes résonnent jusqu’aux terres du soleil levant.
A cette occasion, au trio Japanistan (Kengo Saito – Japon, Jean-François Lagrost – France et Ershad Tehrani – Iran) se joignent le brillant percussioniste indien Subhajit Brahmachari et, invitée pour quelques morceaux, Mieko Miyazaki.
Concert rediffusé en différé par la RTS-Espace2.

15h
Ensemble Gjini Albanie
Joie et mélancolie des polyphonies albanaises

Gramoz Gjini, Brihans Gjini, Ylber Gjini, Servet Jeshili, Laura Gjini — Voix

L’Ensemble Gjini est un groupe de chanteurs albanais fondé par Gramoz Gjini, soliste du légendaire Ensemble de Tirana qui a parcouru le monde dans les années 90. Les chanteurs et chanteuses de la famille Gjini sont spécialisés dans l’ancienne et célèbre tradition de l’iso-polyphonie albanaise, patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Le terme iso s’apparente à l’ison de la musique liturgique byzantine et désigne le bourdon qui accompagne le chant polyphonique. L’isopolyphonie albanaise se caractérise par des chants comprenant deux parties solos (chant et contre-chant) et un bourdon tenu par le chœur, qui apporte une réponse émotionnelle tantôt douce ou puissante.
L’Ensemble Gjini interprète aussi des chansons historiques traditionnelles, des pièces épiques et des lamentations provenant de tout le pays, abordant des thèmes tels que l’amour, la séduction, la migration, la perte et la mort.

17h
Simon Lüthi & Ensemble Suisse
Airs de la vallée du Toggenburg

Simon Lüthi — yodel, accordéons, danse Claudia Scheuber-Lüthi — basse, yodel, accordéon, danse Sonja Lieberher — yodel, betruf, talerbecki, danse Hansueli Hersche — hackbrett, piano, yodel, talerbecki Marisa, Eliane et Jana Scheuber — flûte, cithare, accordéon, yodel, danse

Pour conclure cette édition 2024 du festival Arkhé, retour aux sources ! Dans le Toggenburg, région du canton de St-Gall proche du canton d’Appenzell, le yodel résonne toujours. Au cœur d’une authentique musique traditionnelle suisse figurent le yodel naturel, appelé Johle, le Hackbrett (cithare à cordes frappées) mais aussi le Betruf (appel à la protection des saints avant la nuit) ou encore le Talerbecki (roulement d’une pièce de monnaie dans un plat). Simon Lüthi est un des meilleurs connaisseurs et interprètes de ce répertoire bien vivant, qu’il présentera avec un groupe de voix et d’instruments.